Empreintes de sceaux proche-orientaux

Présentation

Cette collection a été constituée dans les années 1960 par Jean Deshayes dans le cadre des travaux de recherche du CADA du CNRS (Centre d'analyse documentaire en archéologie), actif entre Paris, Marseille et Beyrouth. En raison de la mort prématurée de Jean Deshayes, cette collection est tombée dans l'oubli pendant presque 40 ans, avant d'être redécouverte récemment. Depuis 2017 elle fait l'objet d'une étude patrimoniale et scientifique.

L'École d'Histoire de l'art et d'Archéologie de la Sorbonne (UFR 03) conserve des archives et une collection d'empreintes de cylindres-sceaux de l'Iran ancien relatifs au « Projet Cylindre », qui permettent d’évoquer l’histoire du développement de l’informatique et de la normalisation des procédés d’enregistrement des données au sein de la discipline archéologique.

Le projet prit forme à l’Institut français d’archéologie de Beyrouth, fondé en 1946 et dirigé par Henri Seyrig jusqu’en 1966, qui fut à la fois l’ami et le mentor de Jean Deshayes et de Jean-Claude Gardin. C’est là que les deux hommes mirent au point dans les années 1950 ce qui allait constituer une approche « mécanographique » – le terme « informatique » n’apparut qu’en 1962 – des données archéologiques. Si ces avancées sont souvent portées au seul crédit de Gardin, la contribution initiale et l’intérêt continu de Deshayes pour ce projet ne doivent pas être minimisés. La méthode de Gardin reposait sur la création d’un « code » permettant de traduire divers aspects de l’imagerie et de la provenance des sceaux ; mais en l’occurrence, Gardin s’appuya sur l’expertise de Deshayes en la matière pour y parvenir. L’étroite collaboration entre les deux hommes apparaît très clairement dans le dossier d’archives conservé à l’UFR : non seulement, à travers la correspondance entre les deux hommes, dans laquelle Gardin évoque des modifications du « code » apportées par Deshayes, mais aussi dans les notes concernant le « code » lui-même, vraisemblablement de la main de Deshayes. Une fois le « code » établi vers 1959, il s’agissait encore de déterminer le corpus à traiter et d’effectuer les recherches bibliographiques ; ce qui fut la tâche de Deshayes, alors qu’il prenait poste à l’Université de Lyon (1961-1968). Il est d’ailleurs intéressant de noter que, bien que le dernier document de ce dossier d’archives date de 1966, Deshayes emporta les documents avec lui lorsqu’il s’installa à l’Institut d’art et d’archéologie de Paris en 1968 ; ils y étaient encore à sa mort en 1979, quatre ans après la publication finale du projet.

Parmi les pièces initialement retenues pour intégrer le projet figure du reste une collection de 486 empreintes modernes de cylindres-sceaux iraniens, elles-mêmes conservées au sein de l’UFR 03 et dont Deshayes avait dressé la liste sur un papier à en-tête officiel de l’Iran de l’époque du Shah, ainsi que 495 fiches descriptives sur bristol correspondant à ces pièces (avec photographies). Il semble s’agir d’une série de sceaux auxquelles Deshayes eut accès lors d’un voyage en Iran, où il travailla de 1960 à sa mort sur le site de Tureng Tepe. On y trouve notamment des sceaux de Suse, de Surkh Dum, de la région de Delfan (Louristan), de Persépolis, de Tepe Giyan, Tepe Hissar et Tepe Sialk, qui correspondent aussi à l’état de l’archéologie iranienne au début des années 1960. Certaines de ces empreintes ont pu être identifiées à partir des photographies dans des catalogues publiés ultérieurement, mais pas toutes et il est probable qu’il y ait là aussi des documents par ailleurs inédits. Dans la mesure où le « Projet Cylindre » reposait sur des pièces publiées, l’inclusion de cet ensemble et sa présence dans le dossier restent néanmoins quelque peu mystérieuses, d’autant qu’aucune publication par Deshayes ne vient éclairer cet élément du dossier.

Comme un lointain écho du projet initial de Gardin et Deshayes, cette collection d’empreintes a donné lieu à la création d’une base de données nommée « CESIA » (Corpus des empreintes de sceaux de l’Iran ancien) hébergée sur la plateforme Huma-num.